Dans quelques jours, Nice fêtera le 150ème anniversaire de son rattachement à la France. Parlons d’histoire

Les autorités se préparent à commémorer le 150ème anniversaire du rattachement du Comté de Nice à la France. Des manifestations d’envergures avaient eu lieu en 1960 et nous nous attendons à des préparatifs à la hauteur de l’évènement. A l’heure où les revendications autonomistes prennent du poids dans le paysage politique niçois, blog2nice vous propose de revenir un instant sur cet épisode historique.

Proclamation Pietri 1860En terme de « comté », il faut entendre une simple circonscription administrative dont les frontières ont été fluctuantes au fil des siècles, jusqu’à l’annexion par les troupes françaises en 1792. Rattaché au département des Alpes-Maritimes (s’étendant alors au-delà de San Remo), Nice se familiarise peu à peu au mode de vie à la française malgré des dissidences dans son arrière pays du fait des fameux Barbets, peu enclins à la conscription et à l’impôt révolutionnaire.

Après 23 ans d’annexion, c’est en 1815, grâce au traité de Viennes que le Comté, bientôt renommé « Province », retrouve la domination sarde. Mais la ville forte de 25.000 hab., qui connaît alors une période de calme, avait déjà perdu son statut de place forte militaire en 1706 et sa vie intellectuelle est peu à peu concurrencée par Turin. Elle se retrouve aussi lésée sur le plan commercial : Gênes (cédée à la Savoie en 1815) et son port supplantent son activité.

Peu après, Victor-Emmanuel II, Roi de Sardaigne et héritier de Charles-Albert (connu pour avoir proclamer la première constitution « Statuto » en 1848), s’allie en partenariat économique de la France et de l’Angleterre mais Nice, déjà délaissée par le développement du chemin de fer sarde, semble oubliée : en effet, son statut de « Port-Franc », accordé en 1616 est aboli en 1853 après de violentes manifestations, la laissant en marge de l’activité économique du royaume et l’appauvrissant davantage. Parallèlement, sur le plan administratif, son Sénat et son Consulat de la Mer ne jouent plus qu’un rôle mineur.

Plébiscite Nice - 1860
Plébiscite Nice – 1860

C’est une réelle rupture avec les élites locales, désormais conscientes que le développement de la ville ne peut se faire sans la France alors en pleine expansion : le sentiment francophile, déjà établi, s’en trouve largement renforcé.

Le contexte international va profiter à la ville et à ses habitants. Cavour, chef du gouvernement de Victor-Emmanuel II cherche un allié puissant pour édifier l’unité italienne : selon l’accord secret de Plombières en 1859, Napoléon III est prêt à aider la Sardaigne à condition que celle-ci cède à la France la Savoie et Nice.

Agacée par les provocations de son voisin latin, l’Autriche déclare la guerre mais elle est battue par les troupes franco-sardes à Magenta et Solferino San Martino. Pour autant, la France ne va pas au bout de ses accords en se détachant de ses alliés, craignant une entrée en guerre de la Prusse.

Malgré la victoire, la Sardaigne ne gagne pas tous les territoires escomptés et les accords de Plombières la liant avec la France sont caducs.

Ce n’est qu’un an plus tard, en 1860 que Cavour réussi à convaincre de nouveau la France de l’unité italienne autour de la Sardaigne, toujours en échange de Nice et de la Savoie.

Pour donner une saveur démocratique à se rattachement, un plébiscite est envisagé. Il aura lieu les 15 & 16 Avril 1860. Les hommes âgés de plus de 21 ans sont appelés aux urnes.

Tout est alors mis en œuvre pour que le vote supervisé par les autorités des deux pays soit un succès, autrement dit que le « OUI » l’emporte avec une large majorité. S’il n’est pas truqué, il est très orienté : sur 25743 votants, on dénombre seulement 160 « NON », soit plus de 99% de suffrages en faveur du rattachement.

N’oublions pas que les élites commerciales, culturelles et religieuses niçoises avaient largement incités les niçois à devenir Français, dans le propre intérêt de la ville (et du leur). Victor-Emmanuel lui-même leur donne un libre arbitre dans leu décision en les déliant de leur serment de fidélité. Les parlements des deux états approuvent le vote et Cavour lui-même exclue Nice de l’unité italienne.

Après ces résultats, les militaires sont priés de choisir leur armée et une « option de nationalité » est accordée à ceux qui veulent rester sardes.

Le 14 Juin 1860, le drapeau tricolore flotte sur le Palais des Rois Sardes face au Cours Saleya. Le 17, renaît le département des Alpes-Maritimes grâce à l’ajout au Comté de l’arrondissement de Grasse.

L’Empire Français investit tout de suite et beaucoup dans son nouveau territoire : chemin de fer, infrastructures routières et développement architectural contribueront entre autres à changer le visage de Nice et à en faire petit à petit une métropole d’importance même si en 1860, elle ne peut plus prétende aux prérogatives qu’elle avait perdue en tant que 4ème ville sarde, elle qui est désormais, 45ème ville de France…

Article rédigé par Vincent, sympathique contributeur de blog2nice.

Si vous avez apprécié cet article, vous pouvez offrir 1€ à son auteur :


>>Vous aussi, parlez-nous de Nice ! blog2nice vous donne la parole !<<

4 comments to Dans quelques jours, Nice fêtera le 150ème anniversaire de son rattachement à la France. Parlons d’histoire

  • nissart06300

    En réponse a MORIMER.

    Ce rattachement, de NISSA a la FRANCE, est proprement scandaleux.Nous sommes toujours que tu le veuille ou pas (il faut que la vérité éclate enfin!)toujours colonisé par la puissance « jacobine » Les listes électorales ont été falsifiées,inscription frauduleuses de Provençaux,absence d’isoloirs et de bulletins « non…Les provençaux, ont quand même (il faut le savoir) tué de nombreux NISSART. 1543 : Les Franco-Turcs assiègent Nice, et l’ont se rappelle, de Catherine Ségurane , qui lutta contre les Français et leurs alliés Ottomans… .. 1691, notre ville est assiégée par les troupes FRANÇAISE. 1706, Louis XIV a détruit le château de Nice et 1871,falsification de l’histoire du Comté de Nice…Nous voyons que ces quelques exemples,prouvent que les FRANÇAIS, voulurent a tout pris notre ville.

    Exactions en tous genres, la convention des colons marseillais, arrêtés préfectoraux d’extermination des Résistants Niçois ( les Barbets) et instauration de la Ségrégation Raciale au nom de la liberté et de l’égalité !

    Et Mr ESTROSI ,qui se prend pour le » GOUVERNEUR » de notre ville,avec son shérif,CIOTTI……(je préfère pas m’étendre sur ce sujet!)
    Et sans oublier les traites que furent: MASSENA, Malausséna,et ZOLA….
    A lire l’ excellent livre, sur les « BARBETS » .

    NISSART PER TOUGIOU

  • […] Dans quelques jours, Nice fêtera le 150ème anniversaire de son rattachement à la France. Parlons … […]

  • Vincent

    S’il y a un renouveau de la vie intellectuelle à Nice après 1815, ceci ne durera qu’un temps. En effet, la ville où s’affairent déjà à l’art et à la recherche les Dabray, Rancher, Guisol, Risso ou autre Verany s’appauvrit intellectuellement: elle perd en 1844 et 1848 les « universités » de Médecine et de Droit au profit de celles de Turin en pleine expansion (une des facettes de l’abandon successif du royaume sarde). C’est peut-être donc par pragmatisme lié à la recherche elle-même que quelques cerveaux fuient vers Turin déjà AVANT le rattachement.
    Pour les intellectuels et artistes, Nice n’est donc plus ou presque plus une ville de culture: le soucis principal dès 1860 est de développer l’économie (tourisme…) et les infrastructures (train, routes…) et non pas les pensées, ce qui n’empêchera pas à une nouvelle élite culturelle niçoise de se développer mais qui restera certes timide par rapport à la réputation balnéaire de la cité.

  • Que pense Vincent « sympathique contributeur » au blog, de cette calamiteuse attitude de l’écrasante majorité des élites intellectuelles niçoises qui auraient préféré s’exiler à Turin au moment du rattachement de Nice à la France, privant ainsi la ville (et pour plusieurs générations ?) de cerveaux bien faits et bien pleins ?
    On peut en rire, bien sûr (ce dont je ne me prive pas :-)) mais la chose n’est peut-être pas si anodine tant Nice a rencontré de difficultés, par la suite, à élaborer et à imposer une culture originale (et forte) ainsi que ses élites face à celles d’autres villes comme Marseille (pourtant très multi-culturelle) et Lyon (sans parler de Paris qui s’impose de toute manière, en France, comme le plus puissant creuset intellectuel).

Merci de laisser un commentaire